Sommaire
1- L’importance de la santé buccale :
Une santé buccale nous permet d’avoir non seulement une belle allure et un bon sourire, mais aussi une santé digestive et probablement métabolique optimale. Elle nous permet d’avoir une bonne mastication, un contrôle de l’appétit, des apports nutritionnels et le plaisir des saveurs. La plupart des gens qui souffrent de problèmes bucco-dentaires ne sont pas conscients que cela peut affecter leur métabolisme et leur flore intestinale. Une flore buccale non équilibrée conduit à une flore intestinale non équilibrée.
2- L’importance de la mastication pour la santé en général :
Qu’est-ce qui passe lorsqu’on mâche bien les aliments ? Tout fonctionne correctement et le métabolisme se fait harmonieusement. Les aliments sont décomposés en bouillie homogène et les sucres commencent à être digérés (amylase salivaire). La plupart des bactéries pathogènes sont détruites par le peroxyde d’hydrogène salivaire. L’estomac produit une sécrétion optimale d’acide chlorhydrique et les aliments (glucides, lipides et protéines) sont décomposés en molécules simples facilement assimilable par l’intestin. Le résultat est que la flore intestinale et plaques de Peyer sont préservées.
Système nerveux : Le système nerveux active le système parasympathique, qui favorise la relaxation et la neurogenèse, donc le travail de digestion peut se faire harmonieusement. Selon un article publié dans le journal de physiology and behaviour, la mastication améliore les performances cognitives chez les adultes en augmentant la neurogenèse dans l’hippocampe et en contrôlant l’apport calorique total [4,5]. Le foie fait son travail de distribution des vitamines, oligo-éléments, glucides, lipides et la détoxification se fait correctement.
Lorsqu’on mange assez vite, le système nerveux ne se calme pas (l’activation du système alpha sympathique), l’énergie n’est pas suffisamment disponible pour la digestion. Les aliments sont mal décomposés (il reste des morceaux), la salive n’a pas le temps d’agir correctement et l’estomac s’épuise pour produire assez d’acide chlorhydrique pour digérer les morceaux non mâchés. Le foie est débordé de travail, et demande beaucoup d’énergie pour évacuer les toxines.
La non-mastication permet le passage de quelques bactéries pathogènes, ce qui déstabilise la flore intestinale, et affaiblit les plaques de Peyer (rôle immunitaire important). Certains composés des bactéries gram (-) comme les lipopolysaccharides arrivent à passer dans le sang et causent l’endotoxémie métabolique. Les toxines sont plus nombreuses et plus difficiles à évacuer à cause des carences (nutriments mal absorbés). Le métabolisme se ralentit, le corps s’encrasse et se fatigue.
3- La mastication permet aussi le contrôle de votre glycémie :
Selon une étude publiée dans le journal de médecine et sciences, il existe des récepteurs gustatifs qui jouent un rôle dans l’absorption intestinale, la régulation métabolique et l’homéostasie glucidique. Ces récepteurs sont appelés de type T1R (taste receptor 1), qui relaient la sensation du goût sucré, sont en faite impliqués dans des systèmes intégrés de chémo-détection des produits sucrants circulants dans l’organisme entier. Ces mêmes récepteurs sont, par exemple, impliqués dans la régulation de la sécrétion des incrétines (GLP-15 [glucagon-like peptide-1] et GIP (glucose-dépendent insulinotropic polypeptide) dans les cellules intestinales de type L qui est impliqué dans la sécrétion de l’insuline et le contrôle de glycémie [6].
4- L’importance de la mastication dans la prévention contre la prise du poids :
La première étape de la digestion est la mastication. Cette étape a une importance fondamentale, bien trop souvent négligée. Une bonne digestion, c’est une bonne dégradation des aliments en nutriments. La mastication permet une décomposition du contexte fibreux cellulosique dans les végétaux et augmente la surface d’absorption pour une biodisponibilité des acides aminés, vitamines et minéraux.
Une mastication consciencieuse soulage les troubles digestifs et métaboliques et elle peut même faire maigrir. Selon une étude publiée dans le journal de physiology and behaviour, la mastication lente des aliments aide dans le contrôle du poids chez les obèses par le contrôle de la prise alimentaire grâce à l’activation des neurones histaminiques dans le nucleus supra-ventriculaires (des neurones qui activent la lipolyse dans les tissus adipeux) et en agissant sur l’hypothalamus ventromedial [1,2].
Selon une étude clinique publiée dans le journal de American Journal of Clinical Nutrition, la mastication lente pendant 40 fois permet une réduction de l’apport calorique total et une diminution de la sécrétion de la ghréline (l’hormone du faim) et une augmentation dans la concentration de glucagon like peptide GLP 1 et la cholecystokinin ce qui va améliorer la glycémie et la sécrétion des enzymes pancréatiques pour une digestion optimale [3].
5- Le lien entre la flore buccale et la dysbiose intestinale :
Selon un article publié dans le Journal of Oral and Maxillofacial Pathology, il existe 300 à 700 espèces bactériennes différentes vivantes dans la bouche. Le microbiote buccal est la deuxième communauté microbienne chez l’homme après l’intestin [7]. Cette communauté microbienne est affectée par nos habitudes, notre hygiène de vie et surement notre alimentation [8]. Une flore buccale saine entre en relation symbiotique avec l’homme et sécrète des enzymes et des acides organiques qui contrôlent la multiplication d’autres souches pathogènes qui peuvent causer des infections buccales (gingivites, caries) et même des infections gastro-intestinales [9]. Certaines bactéries pathogènes comme porphyromonas gingivalis peut maigrir de la flore buccale vers les intestins et causer une dysbiose intestinale (une élévation au niveau des bactéroïdes et une diminution de taux des firmicutes) [10].
Le rôle de la flore buccale est complexe, il inclut aussi l’activation du système immunitaire, le maintien de la barrière de la muqueuse buccale et la minéralisation des dents, mais aussi le contrôle de l’inflammation, du stress oxydant et la détoxification des polluants d’origine environnemental [11].
La consommation des aliments probiotiques comme (Le miso, kéfir, kombucha, sauerkraut, kemchi) permet de reconstituer votre flore buccale et intestinale. Selon une étude publiée dans le journal de functional food, la consommation des probiotiques permet le remplacement de biofilms de bactéries pathogènes par un biofilm sain de bactéries probiotiques au niveau buccal [12].
N’oublions pas qu’il faut adopter un régime alimentaire équilibré comme le régime méditerranéen ou paléolithique, qui apporte des protéines issues d’élevage naturel (œufs, viande, poissons), lipides sains (huile d’olive, noix, beurre, fromage de brebis), fibres prébiotiques (tomates, carottes, oignons, ails, concombre), fruits de saison locaux (melon, pêches, oranges, figues, dattes) et éviter les régimes riches en glucides raffinés et sucreries, car la bactérie Streptococcus mutans responsable de la formation des caries adore le sucre. Le régime alimentaire est un élément essentiel pour une bonne flore buccale et intestinale.
6- Les signes et les risques d’une flore buccale non équilibrée ou (dysbiose buccale) :
- Dents sensibles
- Ulcères buccaux
- Hémorragies buccales
- Infections gingivites, caries
- Candidose buccale (causé par une multiplication de candida albicans) surtout chez les immunodéprimés
- Parodontites
Selon une étude publiée dans le journal de chronic disease and transnational médecine, les conséquences d’une perturbation de la flore buccale et en particulier la multiplication d’une bactérie pathogène Fusobacterium nucleatum est associée avec le développement de cancer de colon [13]. Savez-vous aussi qu’une flore buccale non équilibrée augmente le risque des endocardites (infections bactériennes au niveau de l’endocarde du cœur) [14] surtout en cas de valvulopathies cardiaques.
References:
[1] Hollis, J. H. (2018). The effect of mastication on food intake, satiety and body weight. Physiology & Behavior, 193, 242–245. doi:10.1016/j.physbeh.2018.04.02.
[2] Hollis, J. H. (2018). The effect of mastication on food intake, satiety and body weight. Physiology & Behavior, 193, 242–245. doi:10.1016/j.physbeh.2018.04.02.
[3] Jie Li, Na Zhang, Lizhen Hu, Ze Li, Rui Li, Cong Li, Shuran Wang, Improvement in chewing activity reduces energy intake in one meal and modulates plasma gut hormone concentrations in obese and lean young Chinese men–, The American Journal of Clinical Nutrition, Volume 94, Issue 3, September 2011, Pages 709–716, https://doi.org/10.3945/ajcn.111.015164.
[4] Yoshitaka Kimura 1, Masahiro Nomura, Yuki Sawada, Naoko Muraoka, Nao Kohno, Susumu Ito Evaluation of the effects of mastication and swallowing on gastric motility using electrogastrography J Med Invest . 2006 Aug;53(3-4):229-37. doi: 10.2152/jmi.53.229.
[5] Sophie Miquel 1, Marcelo Aspiras 2, Jon E L Day 3 Does reduced mastication influence cognitive and systemic health during aging? Physiol Behav . 2018 May 1;188:239-250. doi: 10.1016/j.physbeh.2018.02.018. Epub 2018 Feb 13.
[6] Émeline L. Maillet* Récepteurs gustatifs des molécules sucrantes et anti sucrantes Un rôle métabolique insoupçonné Modulation of T1R chemosensory receptors for sweet nutrients New paradigms in metabolic regulation New York University School of Medicine, Department of Pharmacology, MSB, 550 First Avenue, New York, NY 10016, États-Unis.
[7] Priya Nimish Deo and Revati Deshmukh Oral microbiome: Unveiling the fundamentals. J Oral Maxillofac Pathol. 2019 Jan-Apr; 23(1): 122–128. doi: 10.4103/jomfp.JOMFP_304_18.
[8] The oral microbiome in health and disease and the potential impact on personalized dental medicine. Zarco MF, Vess TJ, Ginsburg GS Oral Dis. 2012 Mar; 18(2):109-20.
[9] The oral microbiota: living with a permanent guest. Avila M, Ojcius DM, Yilmaz O DNA Cell Biol. 2009 Aug; 28(8):405-11.
[10] Can oral bacteria affect the microbiome of the gut? Ingar Olsena and Kazuhisa Yamazakib
aDepartment of Oral Biology, Faculty of Dentistry, University of Oslo, Oslo, Norway; bResearch Unit for Oral-Systemic Connection, JOURNAL OF ORAL MICROBIOLOGY 2019, VOL. 11, 1586422 https://doi.org/10.1080/20002297.2019.1586422.
[11] Kilian M, Chapple IL, Hannig M, Marsh PD, Meuric V, Pedersen AM, Tonetti MS, Wade WG, Zaura E The oral microbiome – an update for oral healthcare professionals. Br Dent J. 2016 Nov 18; 221(10):657-666.
[12] Chun-Hui Sun,a,b Bin-Bin Li,b,c Bo Wang,d Jing Zhao,b Xiao-Ying Zhang,e Ting-Ting Li,f Wen-Bing Li,g Di Tang,h Miao-Juan Qiu,b Xin-Cheng Wang,b Cheng-Ming Zhu,b and Zhi-Rong Qian B, The role of Fusobacterium nucleatum in colorectal cancer: from carcinogenesis to clinical management. Chronic Dis Transl Med. 2019 Sep; 5(3): 178–187. Published online 2019 Oct 1. doi: 10.1016/j.cdtm.2019.09.001.
[13] Poor oral hygiene as a risk factor for infective endocarditis–related bacteremia Peter B. Lockhart, DDS, Michael T. Brennan, DDS, MHS, Martin Thornhill, MBBS, BDS, PhD, Bryan S. Michalowicz, DDS, MS, Jenene Noll, RN, BSN, Farah K. Bahrani-Mougeot, PhD, and Howell C. Sasser, PhDJ Am Dent Assoc. Author manuscript; available in PMC 2010 Oct 1. J Am Dent Assoc. 2009 Oct; 140(10): 1238–1244.
[14] Elise B Bassin 1, David Wypij, Roger B Davis, Murray A Mittleman Age-specific fluoride exposure in drinking water and osteosarcoma (United States) Cancer Causes Control . 2006 May;17(4):421-8. doi: 10.1007/s10552-005-0500-6.
[15] Richard Sauer Weber 1 , 2 ,* Physiologic Conditions Affect Toxicity of Ingested Industrial Fluoride J Environ Public Health. 2013; 2013: 439490. Published online 2013 Jun 6. doi: 10.1155/2013/439490.
[16] B C Nzeako,* Zahra S N Al-Kharousi, and Zahra Al-Mahrooqui Antimicrobial Activities of Clove and Thyme Extracts Sultan Qaboos Univ Med J. 2006 Jun; 6(1): 33–39.
[17] Antibacterial and antioxidant activities of Mentha piperita L. Author links open overlay panel RajinderSing Muftah A.L.ShushniAsmaBelkheir Arabian Journal of Chemistry Volume 8, Issue 3, May 2015, Pages 322-328.
[18] Author links open overlay panel ParulChugha1RenukaDutta1AnuradhaSharmabNeeruBhagatbMahesh S.Dhara A critical appraisal of the effects of probiotics on oral health. Journal of Functional Foods Volume 70, July 2020, 103985.