Le 21ème siècle : Un mauvais temps pour devenir pescétarien

Sommaire : 

1- C’est quoi le régime pescetarien :

C’est un régime alimentaire qui se focalise sur les poissons et les crustacés comme source primaire de protéines tout en éliminant les volailles et les viandes rouges issues des ruminants. Ce régime comprend une variété de légumes, haricots, légumes (tomates, poivrons, pomme de terre, carottes), fruits, des produits laitiers et les céréales saines (blé kamut, riz sauvage, avoine, sorgho, millet). Avec l’émergence des informations erronées sur les effets nocifs des acides gras, saturée et du cholestérol contenu dans les produits animaux. Ce régime est devenu de plus en plus populaire, plusieurs personnes adoptent ce type de régime pour des raisons de santé ou pour des raisons éthiques, les végétariens surtout. Malgré ces bienfaits, ce régime peut entraîner une intoxication importante par les métaux lourds.

2- Les aliments permis :

  • Œufs de volaille
  • Tous les crustacés et les divers poissons
  • Différents légumes
  • Les fruits
  • Les produits céréaliers
  • Toutes les sortes de graines
  • Du lait et les produits laitiers
  • Les légumineuses (lentilles, houmous, haricots, tofu, etc.)
  • Les noix (noisettes), amandes

3- Les aliments interdits :

  • La viande de dinde
  • Le bœuf
  • L’agneau
  • Le poulet
  • Le porc

4- Les bienfaits du régime pesctarien :

Les poissons constituent une source importante d’acides gras oméga 3 (EPA, et DHA) qui jouent un rôle cardioprotecteur et anti-inflammatoire. Ils réduisent le risque de l’apparition des maladies cardiovasculaires, métaboliques et neurodégénératives.  Ils constituent aussi une bonne source de vitamine D. Cette vitamine précieuse qui influence plus que 900 gènes dans le corps.
Ce régime peut améliorer certaines déficiences alimentaires chez les végétariens comme la carence en vitamine B12, en zinc, en fer et en calcium.

5- Des métaux lourds et des microplastiques dans les poissons d’aujourd’hui ! :

Les inconvénients du régime pescetarien ne sont cependant pas à négliger. Ce régime comporte de nombreux risques et dangers pour la santé. Plusieurs études mettent l’accent sur la contamination des poissons d’aujourd’hui par des métaux lourds comme le mercure, le cadmium, l’arsenic et les microplastiques qui contiennent des substances perturbatrices des glandes endocrines [1]. Une étude récente publiée dans le journal de science of the total environnement, a découvert que certaines espèces de gros poissons prédateurs contiennent des niveaux de mercure plus que 0.5 PPM (partie par million) ce qui pose un problème majeur de santé chez ceux qui consomment régulièrement des poissons [2].

Une autre étude qui a analysé différents échantillons de poissons a montré que 62,5 % des échantillons de baudroie commune (Lophius piscatorius) et 23 % des échantillons de baudroie à ventre noir (Lophius budegassa) contiennent des concentrations supérieures à la valeur maximale de 1 mg/kg de mercure !! [3].

Il faut noter que le mercure et les métaux lourds en général présentent un risque majeur de santé : ils inhibent les cofacteurs enzymatiques qui régulent nos enzymes digestives. Ils altèrent l’équilibre hormonal de nos glandes endocrines et du système reproducteur, et affectent négativement le système cardiovasculaire. Pas seulement cela, ils exercent des effets immunosuppressifs. Le mercure élémentaire est liposoluble, ce qui lui confère la capacité de passer la barrière hématoencéphalique et perturber le fonctionnement du système nerveux central. Il s’accumule aussi dans les reins et perturbe la filtration glomérulaire [4].

6- Les petits poissons comme alternatives des gros poissons :

Selon les données de National Institute of environnemental science. Les poissons sont classés en 4 catégories selon leur degré de contamination avec le mercure [5].

  • Poissons à faible teneur en mercure (manger à volonté 2 fois par semaine idéalement) : anchois, hareng, maquereau nord-atlantique, goberge, sardines, crevettes, truite d’eau douce, calamars, palourdes, écrevisses et poisson-chat (siluriformes).
  • Poissons contenant une quantité modérée de Mercure (manger six portions maximum par mois) : carpe, cabillaud, bar,Coryphène, homard, vivaneau, perche d’eau douce, bonite, thon pâle conserve.
  • Poissons contenant une Haute concentration en mercure (trois portions par mois) : flétan, perche de mer, bar chilien, thon germon ou albacore et maquereau espagnol.
  • Poissons contenant la concentration la plus élevée de Mercure (évitez de manger ces poissons) : tassergal, mérou, maquereau royal, marlin, espadon, thon obèse et thon ahi, requin

Points forts à retenir :

  • Le régime pescetarien est un régime qui encourage la consommation des poissons et des crevettes comme première source de protéines
  • Ce régime apporte une quantité importante d’acides gras oméga 3 bénéfiques pour la santé cardiovasculaire et de la vitamine D2
  • Le régime pescetarien peut poser un risque majeur pour la santé à cause de la contamination de plusieurs espèces de poissons par les métaux lourds, essentiellement le mercure.
  • Pour éviter le risque d’intoxication par les métaux lourds, il est préférable d’adopter la consommation des petits poissons (sardines, saumon, maquereau) au lieu des gros poissons prédateurs (thon, requin, etc.)

Références :

[1] Baki MA, Hossain MM, Akter J, Quraishi SB, Haque Shojib MF, Atique Ullah AKM, Khan MF. Concentration of heavy metals in seafood (fishes, shrimp, lobster and crabs) and human health assessment in Saint Martin Island, Bangladesh. Ecotoxicol Environ Saf. 2018 Sep 15;159:153-163. doi: 10.1016/j.ecoenv.2018.04.035. Epub 2018 May 7. PMID: 29747150.
[2] Burger J, Gochfeld M. Mercury and selenium levels in 19 species of saltwater fish from New Jersey as a function of species, size, and season. Sci Total Environ. 2011 Mar 15;409(8):1418-29. doi: 10.1016/j.scitotenv.2010.12.034. Epub 2011 Feb 2. PMID: 21292311; PMCID: PMC4300121.
[3] Storelli MM, Marcotrigiano GO. Fish for human consumption: risk of contamination by mercury. Food Addit Contam. 2000 Dec;17(12):1007-11. doi: 10.1080/02652030050207792. PMID: 11271834.
[4] Park JD, Zheng W. Human exposure and health effects of inorganic and elemental mercury. J Prev Med Public Health. 2012 Nov;45(6):344-52. doi: 10.3961/jpmph.2012.45.6.344. Epub 2012 Nov 29. PMID: 23230464; PMCID: PMC3514464.
[5] National Institute of Environmental Health Sciences: « Mercury »

Auteurs

  • DR. Ben Rejeb Charfeddine

         MD , Nutritionist, Naturopathe, Fondateur Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN)

  • En collaboration avec  Chibani Salim Chercheur en biologie moléculaire et cellulaire.